Voyage en outre-gauche, paroles de francs-tireurs des années 68.

Présentation du livre en présence de l’auteure Lola MIESSEROFF, suivie d’une discussion

De 1968 en France, on ne retient en général que des clichés chocs ou chics : les barricades au Quartier latin, les voitures qui brûlent, des slogans (« il est interdit d’interdire », « sous les pavés la plage »), la pénurie d’essence, les soixante-huitards baba cools et ceux qui, passés « du col Mao au Rotary », ont fait depuis de « belles » carrières.
On oublie que mai 68 n’a été que le point culminant d’un mouvement de révolte des ouvriers et des jeunes qui avait débuté bien avant et s’est prolongé largement au-delà, que ce mouvement a été très actif loin de la capitale et que les étudiants ou les groupuscules maoïstes et trotskistes n’en constituaient que les composantes les plus visibles.
C’est une autre vision de cette période que l’auteure donne à connaître et à comprendre, celle d’une mouvance hétérogène, « l’archipel outre-gauche », qui va des anarchistes indépendants à l’ultragauche en passant par les situationnistes.
Des témoignages de trente individus qui se trouvaient alors à Paris, Nantes, Angers, Lyon, Chambéry, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux ou Marseille, elle tire un récit choral subjectif, fait de vécu et de théorisation, d’anecdotes et de réflexion, d’espérances et de désespérance, sans oublier une bonne pincée d’humour et même un peu de sex, drugs, free jazz and rock’n’roll.

« Mai 68, la belle ouvrage », film de Jean-Luc Magneron, 1h57, 1969

Projection unique suivie d’une rencontre avec Sylvain Dreyer, Maître de conférence en cinéma à l’Université de Pau, et des représentant-e-s du mouvement étudiant actuel.

Mai 68, on en parle depuis maintenant cinquante ans ! Le mouvement social le plus massif de l’histoire de France fête son anniversaire. On parle de commémoration, d’hommage mais dans le contexte politique actuel, ce documentaire percutant sur les luttes du printemps 68 prend tout son sens et résonne avec le temps présent. Tourné au cœur des événements, le film est un véritable réquisitoire contre les violences policières qui confronte scènes d’affrontements et entretiens à la parole saisissante. Le ton monte, tout du long ; le Général De Gaulle, alors Président de la République, ouvre la voie (ou serait-ce la voix ?) en introduction du film et le témoignage d’une ultime victime de la répression policière la referme.

La lucidité des protagonistes et la simplicité de leurs déclarations révèlent une prise de conscience sur ce qu’implique une révolution sociale en France. Malgré la sévère répression à laquelle ils ont fait face, le film nous montre leur ténacité, leur force et leur courage devant les abus de nombreux représentants du pouvoir. La véracité de leurs propos met tout le monde d’accord : beaucoup n’ont pas vécu que de belles choses lors des événements de Mai 68 et ce documentaire prouve à quel point les forces de l’ordre ont outrepassé les limites de leur fonction, malgré les ordres édictés par leurs supérieurs...