CARTE 2 – 1937/ 2022 : Amigos de Durruti et Femmes libres pour émancipation, justice sociale et santé globale
Honneur à deux lutins pugnaces, Michel Roger (1948-2024) et Henri Simon (1922-2024) ...
1 - LECOIN Louis (1888-1971), militant libertaire passa 12 ans de sa vie en prison pour ses idées pacifistes : « S’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre mon idéal avait des chances de prendre corps, je dirais quand même non à la guerre. Car on n’élabore pas une société humaine sur des monceaux de cadavres. ». En décembre 1917, il distribue seul à Belleville un tract intitulé « Imposons la paix », entraînant immédiatement une nouvelle arrestation.
Il est à l’origine de l’objection de conscience, comme Bertrand RUSSELL (1872-1970).
Ce philosophe et mathématicien anglais, s’engagea à fond dans la campagne pour le désarmement nucléaire dont il devint une figure de proue.
2 – ESPAGNE, mai 1937
Le décret de militarisation des milices populaires provoqua un profond mécontentement. Après de longues et passionnées discussions, en mars 1937, 800 miliciens CNT décidèrent d’abandonner le front et de retourner à Barcelone. Ce « défaitisme révolutionnaire » forge les Amis de Durruti qui se dressèrent, lors des sanglantes journées du 3 au 7 mai, contre la provocation stalino-républicaine [AMORÓS, GUILLAMÓN].
Ce fut le chant du cygne de tous ces incontrolés CNT et POUM qui espéraient mieux de leur sacrifice qu’un nouvel État « antifasciste ». La première comète prolétarienne ayant ébloui le début du siècle s’effilochait tragiquement. Les deux peuples (Russie 17 et Allemagne 18) qui avaient osé l’insurrection servaient alors sur un plateau Franco !
3 – VARSOVIE, avril/ mai 1943
Le soulèvement du ghetto est une révolte armée, menée par l’Organisation juive de combat, d’inspiration bundiste, dirigée par Mordechaj Anielewicz (23 ans) et Marek EDELMAN (1919-2009), et par l’Union
militaire juive sioniste de Pawel Frankel (23 ans) et Leon Rodel (30 ans). Même si l’issue était certaine, un bundiste a résumé ainsi le sens du combat : « Nous ne voulons pas sauver notre vie. Nous voulons sauver la dignité humaine ». Seuls 40 survivront, réussissant à fuir par les égouts après que les Allemands eurent mis le feu au ghetto. Cette liberté « dos au mur » n’a rien à voir avec la « souveraineté » d’un Etat blindé obsédé par sa perpétuelle expansion !
4 – HONGRIE, octobre 1956
Insurrection flamboyante où jeunes Gavroches, nationalistes déterminés se battent coude à coude avec des ouvriers communistes, venant de déchirer leur carte du Parti, contre occupant soviétique et police secrète. Pendant plus de deux semaines (23/ 10 novembre), ils livrent des combats acharnés contre + 4 000 engins blindés et 200 000 soldats.
Sans compter le nombre de morts indéterminé, 200 000 hongrois s’exilent et 200 000 adhérents quittent le PC italien. L’Occident n’a pas bougé, l’URSS a gagné du temps au prix du sang, mais le rideau de fer a commencé à se fissurer [CASOAR, KALDY, SEBESTYEN].
5 – VIETNAM, guerre de 30 ans
Méprisant la vie, colonialistes français et US emploient tous moyens (napalm, phosphore, défoliants, etc.) pour écraser la rébellion : « Mais le plus déchirant chez ces enfants, c’est la vue de leur face et de leur corps écorché par le feu. Si le brûlé est sévèrement atteint, il ne survivra pas […] Si son état est moins grave, le voyage est une agonie … sur de mauvaises routes, interdites souvent par les forces armées, dans la boue, la poussière, harcelées par les insectes [Tribunal Russell p.23]
6 – FRANCE, mai-juin 1968
Démarrant à l’Université de Nanterre (22 mars), la jeunesse se radicalise (10-11 mai : « nuit des barricades »),puis la crise devient sociale. Avec 7 à 10 millions de grévistes entre le 22 et le 31 mai, le pouvoir tremble.
Les syndicats ouvriers négocient les accords de Grenelle (25-27 mai), majoritairement refusés par les grévistes. Le discours du Général (le 30) est suivi par la contre-manifestation gaulliste des Champs-Élysées. C’est un tournant ;pourtant une forte minorité veut continuer la grève. Pendant que les syndicats font rentrer les plus fatigués, l’État réprime, notamment à Flins les 7-10 juin et le 11 à Sochaux. Les élections législatives des 23 et 30 juin enterrent le mouvement [GUIGOU, ROSS].
7 – USA, mai 1970
Le 4, la Garde nationale tire sur un rassemblement d’étudiants (Kent State U.) opposés à la guerre du Vietnam. 4 jeunes sont tués et 9 autres blessés. Le 15, deux autres étudiants sont abattus à la Jackson State University. Les campus du pays alors explosent et de violents combats entre étudiants et policiers ont lieu dans 26 établissements. En 1974, huit gardes ayant tiré sont inculpés puis acquittés après seulement 10 jours de procès [BACKDERF].
8 – CHILI, 1973
Comparaison n’est pas raison. Pourtant, le coup d’État militaire au Chili semble le miroir brisé de juillet 1936 en Espagne. Attentats d’extrême-droite, loi sur le contrôle des armes débutent le travail de sape avant septembre [GAUDICHAUD].
Et les prolétaires mobilisés (cordons industriels, conseils paysans, TUC) attendent désespérément des fusils et surtout une autre perspective que celle « pacifiste » d’Allende et du PCC. Le 11, le palais présidentiel est bombardé, les opposants sont arrêtés, torturés ou exécutés.
Soutenue par la CIA, la dictature militaire de Pinochet dirigera le pays jusqu’en 1990.
10 – ITALIE, 1978
L’assassinat d’Aldo Moro (9 mai), est le contre-exemple du 19 juillet 1936 en Espagne, la fusion entre groupes de combat « extra-parlementaires », majorité prolétarienne « réformiste » ou minorités « autonomes » ne se réalisant pas. L’Italie avait pourtant été un véritable laboratoire socio-politique depuis les années 1960 [MORETTI, GANSER, SCALZONE), où un « pont vertueux entre printemps de la jeunesse et automne chaud des ouvriers » semblait réalisé. Mais la pieuvre étatique (OTAN, loge P2, SS, néofascistes) institua une stratégie de la terreur aveugle pour briser toute contestation sociale.
11 – POLOGNE, août 1980
Les ouvriers polonais mettent à genoux l’État stalinien : « On était sous surveillance. Il y avait plein de flics sur le chantier. […] Le samedi, Bogdan vint chez moi et m’annonça que Walentinynowicz avait été licenciée. […]
Aussitôt, je distribuais des tracts, déclarant que tout le chantier allait se mettre en grève ce jour-là, qu’on venait de mettre à la porte W. quitravaillait depuis 30 ans aux chantiers. […] J’avais terriblement peur. Pas pour moi, mais des gens qui me suivaient. Si on les mettait à la porte, ils pourraient m’en vouloir de les avoir entraînés. […] Il fallait se défoncer, prouver qu’il y en avait qui n’avaient pas peur. Un cri a retenti : Hourrah ! qui s’est répercuté. Je lesavais, c’était la grève. […] Nous avons aussitôt sauté sur une pelleteuse, bien qu’aucun de nousn’ait envie de prendre la parole … » [LI]
12 – GB, mars 1984
La longue grève des mineurs [SIMON], qui dure 51 semaines, est une terrible défaite pour tout le mouvement ouvrier anglais. Cette démonstration formidable de solidarité à l’intérieur des bassins houillers, mais aussi au-delà (entraide de partis travaillistes locaux, de minorités ethniques ou sexuelles) ne fut malheureusement pas suivie par les dockers et les chauffeurs de poids lourds. 800 000 déplacements par camions approvisionnent centrales électriques, usines et consommateurs en charbon.
L’opération de ravitaillement, sans compter l’intense et méthodique répression, a contribué à l’isolement puis à l’effondrement gréviste.
13 – PANDEMIE 2019, ONE Health !
La pandémie (toujours) actuelle klaxonne : tout est lié ! Ainsi l’accumulation de polluants chimiques dans l’eau et dans l’air, la monoculture, l’élevage intensif, la malbouffe (poudre de lait, sodas ...) fragilisent les populations. Un virus inconnu apparaît en Chine et le monde se confine rapidement. Le commerce international se rétracte mais les profits du numérique et de l’industrie pharmaceutique explosent. Les États traitent les conséquences (tests, masques, vaccins), mais ne s’emparent pas des causes. Et si, pour la santé mondiale, « le seul antidote était la préservation de la biodiversité ? » [ROBIN].
14 – IRAN, 2022
Pendant la « révolution de 1978/1979 », la gauche iranienne apporte un soutien massif à l’ayatollah Khomeiny qui, une fois au pouvoir, massacre sans pitié tous les opposants qualifiés « d’islamophobes ». Après la mort de Mahsa Amini (22 ans) sous les coups de la police des mœurs, une nouvelle générationse soulève aux cris de « Femme, Vie, Liberté ». Malgré une répression féroce, le mouvement perdure car il irrigue toute la société. Le régime iranien, mélange d’inquisition et de mafia, fait face à un « Mai 68 » rampant [RASOULOF].
NOTICES (classées par date) :
- A – Avertissement :
Ici, encore, vous constatez nombre d’impasses comme sur le Mexique (de Zapata aux rebelles du Chiapas) ou les Printemps arabes … Mais aussi des raccourcis notoires en ce qui concerne la santé, par exemple. Il faudrait évoquer les conditions de vie et de (non/ bullshit jobs) travail qui prédominent comme l’environnement dégradé par le chaos climatique ou l’insécurité larvée ou directe (guerre, mafias). Et reprendre goût à notre santé sensorielle et mentale, loin des exosquelettes de toutes sortes [Cf. LEBRUN Fabien, On achève bien les enfants – Ecrans et barbarie numérique, Le Bord de l’eau 2020].
En ce qui concerne la résistance (violence) armée en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique ou en Europe, il faut tenir compte de deux facteurs :
– le Chili était (est) malheureusement situé dans l’arrière-cour des USA. Après la surprise cubaine, ces derniers vont tout faire pour endiguer, voire tuer dans l’œuf tout désir d’expérimentation démocratique et sociale. En Italie, comme face à leurs « ennemis intérieurs » (étudiants du SDS, BPP, etc.), les dominants n’hésiteront pas à employer tous les moyens tel le programme « Cointelpro » du FBI ou « Stay Behind » de l’OTAN. La plus grande des démocraties parlementaires laissant tuer ou liquidant des « symboles » progressistes (Luther King, Robert Kennedy, Fred Hampton, etc.) ;
– plus généralement, la situation – au moins dans les pays centraux – sera surtout « stabilisée » par l’infusion de confort matériel. Ainsi, le Japon, qui connaîtra un fort mouvement étudiant [voir le manga Unlucky Young Men de Kamui Fujiwara et Eiji Otsuka (éd. Ki-oon 2015) et SOUYRI Pierre François, Nouvelle Histoire du Japon, Perrin 2010], deviendra la seconde puissance économique mondiale dès 1968. Les travailleurs japonais se distinguant par leur grande productivité et leur respect de la hiérarchie, dans une société où règne une grande cohésion sociale. Le pays étant occupé, l’industrie redécollant, comme l’Allemagne, sans avoir à dépenser de crédits pour son équipement militaire, les Forces japonaises d’autodéfense n’étant reconstituées qu’à partir de 1954, sous l’égide US. Malgré une dette publique colossale [Elle passe de 40 % en 1980 à 175 % en 2005, puis, à la fin de 2011, elle fait un bond à 229 % du PNB. En 2017, elle était de 236% selon le FMI. d’environ 266 % du PIB aujourd’hui, le Japon réarme depuis 2012 pour faire face à un environnement régional menaçant (Chine, Corée du Nord, Russie) ...
Enfin, concernant le titre ci-dessus, si l’on voit assez bien ce que peuvent représenter les fourmis, on avouera que la termite est ici un personnage à géométrie variable. Ainsi, s’il n’y avait qu’1 % de capitalistes et 99 % de … le match n’aurait jamais eu lieu. Mais dans toute pyramide, un certain nombre d’individus s’agrègent frénétiquement aux lieux de pouvoir, un nombre certains d’individus mangent la planète. Un texte explicite une partie de la perversité bourgeoise et de l’amoralité capitaliste :
« Leurs dieux étaient Karl Marx, Che Guevara et Herbert Marcuse ; les nôtres étaient Friedrich Hayek, Karl Popper et Milton Friedman. […] Voilà tout, en fait, sauf que c’est nous qui avons gagné. » […] Ces intellectuels se conçoivent moins comme des tribuns ou de propagandistes que comme des « ingénieurs politiques qui construisent des machines qui marchent ». […] La force de ce procédé réside en ceci : une fois la libéralisation actée, ce sont les individus eux-mêmes par leurs microchoix de consommateurs qui deviennent les moteurs du changement. […] Les gens votent avec leur portemonnaie, déterminant eux-mêmes le rythme auquel ils souhaitent que les services privés se développent. » Peu spectaculaire dans son mode d’action, cette micropolitique de la privatisation n’en est pas moins redoutable. C’est ce que l’on pourrait appeler, par référence à l’insecte xylophage du même nom, la politique du capricorne : nul besoin de tailler les poutres à la hache quand, tapies dans le bois, mille petites gueules rongent inexorablement la charpente. […] Prenons un procédé parmi d’autres : pour privatiser avec succès, toujours « offrir quelque chose en échange de la perte », c’est-à-dire « acheter les groupes d’intérêts existants ». En 1983, le gouvernement Thatcher entreprend de privatiser British Airways. 20 000 postes sont sur la sellette, soit près d’un salarié sur trois. Si vous décidez de licencier à cette échelle, vous allez devoir affronter de vives oppositions. Que faire ? « On leur a offert des conditions généreuses en contrepartie de départs volontaires » (un chèque correspondant à deux ans de salaire). Il est donc possible, commente Pirie, d’amener les gens à « renoncer à un gain continu à long terme […] en échange d’un gain unique […] qui met fin au système ». Pour torpiller un intérêt durable, faire miroiter un avantage immédiat. Tout le monde ne se laissera pas berner, mais peu importe. Le seul fait qu’une fraction des salariés entre dans la combine permet de briser l’unité. On « achète » ce faisant des portions clés de la coalition adverse. […] Cette même méthode peut également se révéler très utile pour partir à l’assaut des régimes de retraites. Rien ne sert, là encore, d’exciter les oppositions en s’attaquent trop ouvertement aux droits sociaux des travailleurs encore actifs. Pour faire passer votre réforme, prenez surtout bien soin de préciser, recommande Pirie, que « les changements proposés ne s’appliqueront pas aux prestations promises et n’affecterons personne atteignant l’âge de la retraite avant la fin du siècle ». « Ces propositions, résume-t-il, consistent en quelque sorte à « acheter » les générations présentes afin de mettre progressivement en place un nouveau système. » Vendez nous les générations futures et vous serez épargnés. […] Ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez. Qu’importe après tout, puisque vous-mêmes – promis, juré – passerez entre les gouttes. Et après vous le déluge. La micropolitique néolibérale pense à long terme et sait prendre son temps. […] De fait, nous y sommes encore. Plusieurs décennies après que ces principes aient été thématisés, leur actualité est encore frappante. C’est le signe que le processus n’est pas achevé. Je veux dire qu’il est encore temps de le faire dérailler érailler … » (Chapitre 26 – Micropolitique de la privatisation) ; CHAMAYOU Grégoire, La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire, La fabrique 2018 ...
- B – Ouvrages généralistes
BANTIGNY Ludivine (Collectif), Une histoire globale des révolutions, La Découverte 2023 ;
BROUÉ Pierre, Histoire de l’Internationale communiste (1919-1943), Fayard 1997 ;
CHARTREUX Félix, Révolutions – Quand les peuples font l’Histoire, Belin 2017 ;
DROZ Jacques (Collectif), Histoire générale du socialisme – Des origines à nos jours (4 tomes), PUF 1974 ;
DUCANGE Jean-Numa (Collectif), Histoire globale des socialismes (XIXe-XXIe siècle), PUF 2021 ;
FRÉMION Yves, Histoire du dessin politique et d’actualité (1830-2015) – De « La Caricature » à Charlie Hebdo, Glénat 2024 ;
GRAWITZ Madeleine (Collectif),Traité de Science Politique – Tome 2. Les régimes politiques contemporains, PUF 1985 [Édition numérique réalisée en 2022 au Québec par « Classiques des sciences sociales » : https://classiques.uqam.ca] ;
GUÉRIN Daniel, Ni Dieu, ni Maître, anthologie de l’anarchisme, (Maspéro 1970) La Découverte 2012 ;
KENNEDY Susan (Collectif), 20e siècle – Le siècle où tout a changé, Larousse 2013 ;
KERSHAW Jan, Ces grandes figures qui ont fait l’histoire – Charisme et politique au XXe siècle, Seuil 2023 ;
KEUCHEYAN Razmig, Hémisphère gauche – Une cartographie des nouvelles pensées critiques, La Découverte (2010) 2017 ;
KRIEGEL Annie, Les Internationales ouvrières (1864-1943), PUF (1964) 1982 ;
LOWY Michael (Collectif), Révolutions, Hazan 2000 [photos rares commentées] ;
LE MAITRON : nom d’usage d’un ensemble de dictionnaires biographiques du mouvement ouvrier, d’abord dirigés par l’historien Jean Maitron jusqu’à sa mort en 1987, puis par son successeur Claude Pennetier. En 1998, les 43 volumes édités par les éditions de l’Atelier, qui occupaient 1,50 mètre d’étagère, sont réédités et enrichis de compléments en un seul CD-ROM. Aujourd’hui, plus de 200 000 notices sont en accès libre et gratuit sur le site « maitron.fr » ;
MANFREDONIA Gaetano, Anarchisme et changement social – Insurrectionalisme, syndicalisme, éducationnisme-réalisateur, Atelier de création libertaire 2021 ;
MOORE Barrington, Les Origines sociales de la dictature et de la démocratie (1966), Maspéro 1969 ;
NOUSCHI Marc, Le XXe siècle (4e édition), Armand Colin 2011 ;
QUADRUPPANI Serge, Une histoire personnelle de l’ultragauche, Divergences 2023 ;
RANNOU Patrice, Révolution anarchiste – De Pierre-Joseph Proudhon à David Graeber, Noir et Rouge 2024 ;
REEVE Charles, Le socialisme sauvage – Essai sur l’auto-organisation et la démocratie directe dans les luttes de 1789 à nos jours, L’échappée 2018 ;
RIOT-SARCEY Michèle, Histoire du féminisme, La Découverte 2008 ;
RIPA Yannick Ripa et THEBAUD Françoise (Collectif), Les féminismes. Une histoire mondiale 19e–20e siècles, Textuel 2024 ;
ROCHEFORT Florence, Histoire mondiale des féminismes, « Que sais-je ? » 2018 ;
SIMON Roland, Histoire critique de l’ultragauche, Deuxième édition, Senonevero 2015 ;
STANZANI Alessandro, Les guerres du blé, La Découverte 2024 ;
TRAVERSO Enzo, Révolution – Une histoire culturelle, La Découverte 2022 ;
VANINA, Où va le féminisme, Acratie 2020
- Sur la TOILE :
► CONTROVERSES numéro 8, article de Monbars (d’octobre 2024) « 1825 – 2025 : deux siècles de lutte des classes » - https://www.leftcommunism.org/IMG/pdf/00_-_controverses_-_no8_-_2024-10-08.pdf ;
► Livre Quatre, Histoire contemporaine, sur le site « Matière et révolution » - https://www.matierevolution.fr/spip.php?rubrique22 ;
► Collectif, Dias Rebeldes (Jours rebelles - Chroniques d’insoumission), Editions Octaedro, collection « Limites » : https://octaedro.com/libro/dias-rebeldes/?mot_tcid=336a7e47-ea98-45b2-b9b4-0ad72fa74e4f : L’européocentrisme est également attaqué ainsi que « la méconnaissance des histoires non écrites dans les époques antérieures à la présence européenne parmi les autres continents. Le continent africain, joint à l’américain et à l’océanien, virent tronquer leur propre développement historique par l’intromission du colonialisme occidental qui spolia ses richesses et effaça son histoire. A cela s’ajoute, dans le cas africain, les différentes évolutions historiques des territoires situés au nord du Sahara et la partie située au nord du Sahel. Dans le territoire qui se dénomme aujourd’hui Afrique subsaharienne, la rupture dans le développement autochtone des peuples qui l’habitaient fut définitive. Ce fait signale qu’à la moitié du VIIIe siècle, avec l’invasion arabe de l’Afrique, mais spécialement à partir du XVIe siècle, avec l’installation des européens sur ses côtes, l’histoire de l’Afrique est déjà une partie subsidiaire de l’histoire de l’Occident. Les peuples africains furent soumis non seulement aux directives économiques et religieuses de leurs colonisateurs occidentaux, mais ils formèrent aussi part de leur histoire comme êtres de condition inférieure. Ainsi, l’histoire du continent africain, avant la présence des arabes ou celle des européens, est pratiquement inexistante et son histoire postérieure a été escamotée. Dans le même cas, nous voulons écrire sur les rébellions en Amérique : la difficulté est évidente pour signaler les rébellions antérieures à l’invasion de l’Europe. L’espace reste ouvert pour une telle tâche ». L’introduction s’achève par l’affirmation d’une confiance résolue dans les capacités de résistance sociale contre l’ordre établi : « En notant ces jours rebelles, nous ne voulons pas tomber dans une position de victimes. Plusieurs fois, en écrivant contre le pouvoir et contre l’histoire racontée par le pouvoir, nous écrivons sur la répression, sur la domination que le pouvoir a exercé sur les hommes et les femmes, sur les institutions qui ont incarné cette domination, sur l’État qui nous soumet ; nous réécrivons ainsi toujours l’histoire de l’État. Ici, il ne s’agit pas d’écrire l’histoire de la répression, l’histoire de la barbarie, mais plutôt une histoire de la liberté, de la résistance à l’oppression, à la déshumanisation, à la perte de la communauté ; il ne s’agit pas d’une triste lamentation mais d’une affirmation de rébellion. Nous voulons insister sur le fait que non seulement l’État n’arrive pas à nous dominer et que, bien qu’il ait tout le pouvoir médiatique, politique, économique et technique, il ne peut en finir avec la rébellion, il ne peut domestiquer la vieille taupe » (Guy) ;
- C – Sur le Mexique voir notamment :
BASCHET Jérôme, La Rébellion zapatiste – Insurrection indienne et résistance planétaire, Flammarion 2005 ;
CUEVAS GUZMÁN Samuel et Juan Felipe, Du braquage au violon, éd. En la Linea/ Collectif des métiers du livre 2014 (DVD + livre) ;
GIBLER John, Mourir au Mexique – Narcotrafic et terreur d’État, CMDE 2015 ;
GILLY Adolfo, La révolution mexicaine (1910-1920), Syllepse (1992) 2022 ;
GUILLER MOPRIETO Alma, La guerre des ombres – La racine de l’insurrection zapatiste au Chiapas, éd. Dagorno 1995 ;
HAMNETT Brian Roger, Histoire du Mexique, Perrin 2009 ;
HERZOG Jesús Silva, Histoire de la révolution mexicaine, Lux 2010 ;
MEYER Jean, La révolution mexicaine (1910-1940), Tallandier (2010) 2023 ;
SILVA HERZOG Jesús, La révolution mexicaine, Maspéro 1968 ;
WOMACK John, Emiliano Zapata et la révolution mexicaine, La Découverte 2008 ;
- Sur les « Printemps arabes », voir :
ALLAL Amin et PIERRET Thomas, Au cœur des révoltes arabes – Devenir révolutionnaires, Armand Colin 2013 ;
BAST et FERENC, Doigts d’honneur (Bd), La Boîte à Bulles 2016 ;
FILIU Jean-Pierre et POMES Cyrille, Le Printemps des Arabes (Bd), Futuropolis 2013 ;
LAVERGNE Marc et RIGOULET-ROZE David, La mer Rouge : convoitises et rivalités sur un espace stratégique, Orients Stratégiques N° 13 (2022) ;
NAOUFEL BRAHIMI el-mili, Le printemps arabe – Une manipulation ?, Max Milo 2012
PHARES Walid, Du printemps arabe ... à l’automne islamiste ?, éd. Hugo Doc2013 ;
THÉPAUT Charles, Le monde arabe en morceaux – Des printemps arabes au recul américain (2e édition), Armand Colin 2020 ;
- Sur la Toile :
Printemps arabes, révolutions ... : des concepts inadéquats ?, de Marc Lavergne, article sur https://shs.hal.science/halshs-03506832/document ;
ÉGYPTE : 10 ans après le Printemps arabe, Malak et Ben racontent leur révolution (épisode 2/5)
(voir ces courtes vidéos, de F24, sur Ytube : https://www.youtube.com/watch?v=AvcYsc-BOT4& ;ab_channel=FRANCE24) ;
- D – Lecoin et Russell
AUVRAY Michel, Histoire des Citoyens du Monde : Un idéal en action de 1945 à nos jours, Auzas Éditeurs Imago 2020 ;
Tribunal Russell :
« Le Tribunal Russell, également connu sous le nom de Tribunal international des crimes de guerre et Tribunal Russell-Sartre, était un tribunal d’opinion fondé, en 1966, par Bertrand Russell et Jean-Paul Sartre pour dénoncer la politique des États-Unis dans le contexte de la guerre du Viêt Nam [...] Le tribunal n’a pas enquêté sur les crimes de guerre présumés commis par le Viet-Cong ; Schoenman commentant : « Lord Russell jugeait cela inutile, comme s’il s’agissait de traîner en justice les Juifs du Ghetto de Varsovie pour leur soulèvement contre les nazis » (merci WIKI)
SARTRE Jean-Paul et ELKHAÏM-SARTRE Arlette, Tribunal Russell, tome 1 : Le jugement de Stockholm, Gallimard Idées 1967 ; DEDIJER Vladimir, SARTRE Jean-Paul et ELKHAÏM-SARTRE Arlette,Tribunal Russell, tome 2 : Le jugement final, 1968, Gallimard Idées 1968 ;
- E – Espagne 1937
« La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat. La prémisse économique de la révolution prolétarienne est arrivée depuis longtemps au point le plus élevé qui puisse être atteint sous le capitalisme. Les forces productives de l’humanité ont cessé de croître. Les nouvelles inventions et les nouveaux progrès techniques ne conduisent plus à un accroissement de la richesse matérielle […] La IV° Internationale est déjà surgie de grands événements : les plus grandes défaites du prolétariat dans l’Histoire. La cause de ces défaites, c’est la dégénérescence et la trahison de la vieille direction. La lutte des classes ne tolère pas d’interruption. » (Léon Trotsky, Programme de Transition, disponible sur https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres) ????????
BROUE Pierre, « Les trotskystes et le problème de la guerre [Bilan historiographique] », dans Les Internationales et le problème de la guerre au xxe siècle. Actes du colloque de Rome (22-24 novembre 1984), Publications de l’École française de Rome 1987, pages 51-64 ;
GAIDO Daniel, « The Origins of the Transitional Programme », Historical Materialism, London, Brill, vol. 26, no 4 (2018), pages 87-117 ; BÜRGI Markus, Internationales ouvrières (version du 18/12/2013), Dictionnaire historique suisse - https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/016482/2013-12-18 ;
AMOROS Miguel, Hommage à la révolution espagnole – Les Amis de Durruti dans la guerre civile 1936-1939, Editions de la roue 2023 ;
GUILLAMON Agustin, Les Comités de Défense de la CNT à Barcelone (1933- 1938) – Des Cadres de Défense aux Comités révolutionnaires de Quartier, aux Patrouilles de contrôle et aux Milices Populaires, Le Coquelicot 2014 ;
Voir aussi des extraits d’Union communiste, de George Orwell, de Bilan, de Grandizo Munis, etc. … sur le site http://guerredeclasse.fr/barcelone-37 ;
Et le site en espagnol https://serhistorico.net ;
- F – Varsovie 1943 (voir aussi « Année 1943 » sur ce même site)
CAIN Larissa, Ghettos en révolte – Pologne 1943, Autrement 2003 ;
EDELMAN Marek, Mémoires du ghetto de Varsovie, Liana Levi 2002 ;
GOLDSTEIN Bernard, L’ultime combat. Nos années au ghetto de Varsovie, La Découverte 2008 ;
HAUSFATER Rachel, Mordechaï Anielewicz ... ’Non au désespoir’, Actes sud Junior 2010 ;
MINCZELES Henri, Histoire générale du Bund, Denoël 1999 (réédition L’échappée 2022) ;
RINGELBLUM Emmanuel, Oneg Shabbat – Journal du ghetto de Varsovie, Calmann-Lévy/ Mémorial de la Shoah
Voir dans l’Encyclopédie multimédia de la Shoah l’article « Le soulèvement du ghetto de Varsovie » : https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/warsaw-ghetto-uprising ;
- G – Hongrie 1956 (voir aussi « Année 1956 » sur ce même site)
CASOAR Phil,Les héros de Budapest, Les Arènes 2006 ;
KALDY Georges,Hongrie 1956 – Un soulèvement populaire, une insurrection ouvrière, une révolution brisée, Les bons caractères 2011 ;
LESSING Erich, Budapest 1956 – La Révolution, Biro éditeur 2006 ;
SEBESTYEN Victor , Budapest 56 – Les 12 jours qui ébranlèrent l’empire soviétique, Calmann-lévy 2006 ;
En contrepoint, il faudrait évoquer le Moyen-Orient avec :
ANTONIUS Rachad, La conquête de la Palestine – De Balfour à Gaza, une guerre de cent ans, éd. Écosociété 2024 ;
CHOMSKY Noam, Israël, Palestine, Etats-Unis : le triangle fatidique, éd. Écosociété 2006 ;
LOVE Kennett, Suez ; The Twice-Fought War – A History, (Suez : la double guerre ; une histoire), éd. McGraw-Hill 1969 ;
MORRIS Benny, Israel’s Border Wars 1949–1956 (Les guerres frontalières d’Israël de 1949 à 1956 : infiltration arabe, représailles israéliennes et le compte à rebours de la guerre de Suez), Oxford Clarendon Press, 1993 ;
SACCO Jo, Gaza 1956. En marge de l’Histoire, Futuropolis 2009 ;
Farha, film de la réalisatrice palestinienne-jordanienne Darin J. Sallam place son action dans la Palestine de 1948. C’est là où son héroïne, une jeune fille de 14 ans, assiste depuis un garde-manger fermé à clé à la catastrophe, la Nakba. Il s’agit de « l’exode », voire de « l’expulsion » de 750 000 Palestiniens avant et pendant la guerre israélo-arabe qui aboutit à la fondation de l’État hébreu.
♠ En sus, rajouter les célèbres photos de Koudelka sur l’écrasement de la liberté en Tchécoslovaquie, à partir du 21 août 1968. Les armées « sœurs » (Bulgarie, Pologne, Hongrie + URSS ; 200 000 soldats, 2 000 blindés et 800 avions) du pacte de Varsovie participent à cette opération. Face à cette armada, les Pragois, sous l’incitation notamment de leur gouvernement, opposèrent surtout une résistance non-violente. Ainsi, l’historien Jean-Paul Demoule, qui a quitté la Tchécoslovaquie trois jours après l’occupation, raconte : « J’ai traversé des villages, il y avait des tanks un peu partout. (…) et toute la population qui discutait et qui, non pas insultait, mais engueulait si j’ose dire les tankistes. Ce n’était pas une atmosphère de terreur. C’étaient des débats évidemment extrêmement orageux. J’ai entendu une fois des soldats russes qui disaient : ‘Mais nous venons vous délivrer, on nous a expliqué qu’il y avait 40 000 soldats américains et ouest-allemands déguisés en touristes’. Ils étaient très étonnés d’être aussi mal reçus alors qu’ils pensaient qu’ils venaient délivrer »
(Jean-Paul Demoule, « Interview », Radio de Prague Internationale, 20-02-2019) :
KOUDELKA Josef, Invasion Prague 68, éd. Tana 2008 ; Wall : Israël-Palestine, paysage 2008-2012, Xavier Barral 2013 ;
BU Peter, « Pour compléter la gamme des moyens défensifs : Non-violence – Rêve ou stratégie ? », Revue militaire générale, éditions Berger – Levrault 1971, « (version réduite), publié également par la revue Détective et la revue militaire allemande Wehrkunde, Verlag Europaïsche Wehrku ;
DULLIN Sabine etJ EANNESSON Stanislas, Atlas de la guerre froide (1947-1990) – Un conflit global etmultiforme, éd. Autrement 2020 ;
LIBERA Anna et UDRY Charle-André, Le printemps du « socialisme à visage humain » , La Brèche 1988 ;
MONTIER Jean-Pierre Montier, L’épreuve totalitaire : Josef Koudelka – essai de Jean-Pierre Montier sur les photographies de Josef Koudelka, Delpire, 2005 ;
MLYNAR Zdenek (Collectif), Le Froid vient de Moscou – Prague 1968, du socialisme réel au socialisme à visage humain, Gallimard 1981 ; Budapest, Prague, Varsovie, La Découverte 1983 ;
SHARP Gene Elmer Sharp, La force sans la violence, éd. L’Harmattan 2009 ; La lutte non violente – Pratiques pour le XXIe siècle, éd. Ecosociété 2015 ;
SITRUK Anthony, La Vie brève de Jan Palach, éd. La Dilettante 2018 ;
► L’invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie débuta dans la nuit du 20 au 21 août 1968.
Les protestations durèrent environ sept jours. Puis la démoralisation de la population, due certainement à la présence massive et intimidante des troupes et des blindés, à la passivité des pays occidentaux et à l’absence de perspective claire, pris le dessus. « Une autre explication fréquente vient du fait qu’une grande part de la société étant formée de gens de la classe moyenne, le coût de la résistance continue aurait impliqué la fin d’un style de vie correct, un prix à payer jugé trop élevé. » La très grande majorité des forces d’invasion étaient russes, avec un contingent polonais de 30 000 soldats. Environ 100 000 et 120 000 ont quitté le pays dans l’année. Le 16 janvier 1969, l’étudiant Jan Palach s’immole sur la place Venceslas(Prague) pour protester contre la suppression de la liberté de parole. Ce sacrifice bouleverse la population.
Les grands partis communistes des pays occidentaux, comme le PC italien et le PC français condamnent la répression du Printemps de Prague. Si le PCF se démarque pour la première fois officiellement, il ne condamne pas fermement l’intervention. Cette ambiguïté l’éloigne d’un certain nombre de militants, en particulier des cercles intellectuels qui lui étaient restés favorables. Ainsi Jean Ferrat, compagnon de route, prend ses distances avec sa chanson Camarade (issue de l’album éponyme sorti en 1969). Seul le secrétaire général du PC portugais, Alvaro Cunhal, soutient pour sa part l’invasion, adopte une position contraire à celles des autres partis communistes occidentaux. (merci WIKI)
- H – Vietnam 1968
AGERON Charles-Robert (Collectif), Les guerres d’Indochine de 1945 à 1975, Les Cahiers de l’Institut d’Histoire du Temps Présent, n°34, juin 1996 ;
CAZEMAJOU Jean (Collectif), La Guerre du Vietnam et l’opinion publique américaine (1961-1973), Presses Sorbonne Nouvelle 1991 ;
CESARI Laurent, L’Indochine en guerres (1945-1993), Belin Sup 1995 ;
KHAC-VIEN Nguyen, Vietnam, une longue histoire, L’harmattan 1999 ;
MARANGÉ Céline, Le communisme vietnamien (1919-1991) – Construction d’un Etat nation entre Moscou et Pékin, Presses de Sciences Po 2012 ;
PRADOS John, La Guerre du Viêtnam, Perrin (2011) poche 2015 ;
ROBIN Marie-Monique, Les cent photos du siècle, Hachette 1999 [Cf. la photo (n° 59) bouleversante de Kim Phuc, qui a arraché ses vêtements dévorés par le napalm ! Cette image datant da 1972 est aussi visible page 303 dans l’ouvrage « Notre siècle en images », éd. Solar 1996.] ;
TERTRAIS Hugues, Atlas des guerres d’Indochine (1940-1990), Autrement 2004 ; TH et JOURNOUD Pierre, Un triangle stratégique à l’épreuve – La Chine, les Etats-Unis et l’Asie du Sud-Est depuis 1947, Presses universitaires de la Méditerranée 2022 ;
♠ Et les films de CIMINO Michael, Voyage au bout de l’enfer (1979) ; COPPOLA Francis Ford, Apocalypse Now (1979) ; KUBRICK Stanley, Full Metal Jacket (1987) ; SCHUMACHER Joel, Tigerland (2000) ; STONE Oliver, Platoon (1986) ...
- I – France 1968
D’après Delale et Ragache, il y aurait entre mai et juillet 1968, 19 morts et 1798 blessés hospitalisés [DR page 230]. Certains sont emblématiques d’un moment où gouvernement, patronat et PCGT tentent de casser le moral des récalcitrants, de faire plus ou moins gentiment reprendre le travail.
« Nous avons été chargés au cri de « à l’eau ! Tous à la baille ! ». Les camarades trop lents sans doute à plonger ont été précipités à l’eau à coup de crosse. […] Nous avions vu Gilles couler. Nous avons crié : « Arrêtez, quelqu’un se noie ! » Les gendarmes restèrent impassibles. » (Jean Terrel, ancien président de l’UNEF, militant de l’UJCml, extrait de la Cause du peuple n°15 du 12 juin). Poursuivi par des gendarmes mobiles, Gilles TAUTIN (1950-10 juin 1968), élève de première, meurt noyé dans la Seine aux abords de l’usine Renault de Flins. L’annonce de sa mort déclenche les dernières nuits (10/ 11 et 11/ 12) d’émeutes au quartier latin. Sachant qu’à l’usine Peugeot de Sochaux, le 11 juin, des CRS tuent Pierre BEYLOT, ouvrier-serrurier de 24 ans, d’une balle de neuf millimètres. On relève aussi un autre ouvrier, Henri BLANCHET, déséquilibré par le souffle d’une grenade offensive et mort après être tombé d’un mur
et. Yolande Beylot, la veuve de Pierre, 73 ans aujourd’hui, regrette qu’il n’y ait jamais eu de procès : « Pierre n’a pas été visé personnellement, mais il a reçu une balle qui n’avait pas lieu d’être (...) les CRS n’avaient pas le droit de dégainer. Devant l’intensité des manifestants, ils ont tiré dans le tas … Je ne comprends pas pourquoi il n’a jamais été puni », ajoute Yolande Beylot, « il a été muté, c’est sa seule punition. Si un ouvrier avait tué un policier, il serait peut-être encore en prison » [https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/1968-a-peugeot-sochaux-la-revolution-de-mai-finit-dans-le-sang-en-juin-1528465342] ;
Voir l’historiographie de Mai : https://fr.wikipedia.org/wiki/Historiographie_de_Mai_68 ;
ARTIERES Philippe (Collectif), 68 – Une histoire collective (1962-1981), La Découverte 2008 ;
ARTOUS Antoine (Collectif), La France des années 1968, Syllepse 2008 [voir chapitre « Sous la plage, la grève » avec ampleur (« 6 à 8 millions de grévistes ? ») et formes du mouvement ; chapitre « violence révolutionnaire » avec la phrase de V. Hugo : « Le suffrage universel, en donnant un bulletin de vote à ceux qui souffrent, leur ôte le fusil. » (discours du 31 mai 1850 devant l’Assemblée nationale) ; enfin la chronologie 1965/ 1981 …] ;
BRUNETEAUX Patrick, Maintenir l’ordre – Les transformations de la violence d’État en régime démocratique, Presses de la FNSP 1996 ;
BEUVAIN Christian et
SCHOUMACHER Florent, Chronologie des maoïsmes en France, des années 1930 à 2010, revue électronique Dissidences, n°3 printemps 2012 :
https://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=231 ;
CHABRUN Laurent, DUPUIS Jérôme, PONTAUT Jean-Marie, Mai 68 – Les archives secrètes de la police, L’Express du 19 mars 1998 ;
CHARRIERE Christian, Le Printemps des enragés, Fayard 1968 ;
DELALE Alain et RAGACHE Gilles, La France de 1968, Seuil 1978 [voir chapitre « Le mouvement se divise ; les annexes « 1968 en chiffres »] ;
HORN Gerd-Rainer et KENNEY Padraic, Transnational Moments of Change – Europe 1945, 1968, 1989, Rowman & Littlefield, 2004 ;
MULLER Bryan, « L’armée des partisans de la Ve République » - Les comités de défense de la République, PUR 2024 ;
http://www.magnumphotos.com/C.aspx?...
ROSS Kristin, Mai 68 et ses vies ultérieures, (Complexe 2005) Agone 2010 [Excellente publication ; notamment chapitre sur « Formes et pratiques »] ;
TOURNIER Maurice, Les mots de mai 68, Presses universitaires du Mirail-Toulouse 2008 ;
Le BLOG de JMB sur Médiapart : « N°68 de ma série ’1968’ qui comptera plus de 100 articles sur l’année. Les grandes usines, notamment de la métallurgie continuent à résister. Renault Flins est attaquée par la police le 6 Juin, avec un déferlement de violences ... https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/260518/6-juin-68-les-matraques-des-crs-ne-font-pas-sortir-des-voitures ;
Article de James COHEN, professeur à l’Université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle, « 1968 aux États-Unis, tournant politique des années de mouvement » sur https://journals.openedition.org/ideas/2742#tocto1n3 ;
Revue GEOHISTOIRE, 1968 – Une année qui a secoué le monde, février/mars 2018 ;
HOBSBAWM Eric et WEITZMANN Marc, 68 – Magnum dans le monde, Hazan (1998) 2008 [photos et chronologie] ;
THORN Jean-Pierre, Oser lutter, oser vaincre – 15 mai/ 18 juin 1968, film noir et blanc, Production de la Lanterne 1969 (90 min) ;
- J – USA 1970
Durant la guerre du Viêt Nam, on compte aux USA, des dizaines de milliers d’actes de désertion et/ou d’insoumission. Les chiffres divergent selon les sources. Cependant de 30 000
à 50 000 insoumis se réfugient au Canada. Moins nombreux sont ceux qui se cachent en Europe. En 1969, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau déclare que le Canada « est un refuge contre le militarisme » et accorde le statut de résident permanent aux objecteurs de conscienc
BACKDERF Derf, Kent State – Quatre morts dans l’Ohio, Editions çà et là 2020 (Bd) ;
KNOPF Alfred, Chance and Circumstance : The Draft, the War and the Vietnam Generation, 1978
Law and Order, Frederick WISEMAN (documentaire 1969 ; 1h 21) ;
♠ COINTELPRO (1956-1971) (Counter Intelligence Program) est un programme de contre-insurrection du FBI dirigé par J. Edgar Hoover. Son objectif premier était d’enquêter sur les organisations politiques dissidentes US, voire de démanteler leurs activités. Selon les documents fédéraux, ce programme visait à « exposer, perturber, détourner, discréditer ou neutraliser de toute autre manière les activités des nationalistes noirs » (FBI). On peut voir à ce sujet le film de Shaka King, Judas and the Black Messiah (2021 ; 2h 06), qui raconte la trahison de Fred Hampton par un informateur du FBI ;
- K – Chili 1973
ARCE Luz, L’Enfer – Terreur et survie sous Pinochet, Les Petits matins 2013 ;
BELLON Rémy et RIZET Dominique, Le dossier Pinochet – Tortures, enlèvements, disparitions, implications internationales, Michel Lafon 2002 ;
DESLOIS Christian, Chili (novembre 1970-janvier 1974) – Réforme ou révolution, Editions Gilles Tautin 1974 ;
DINGES John, Les années Condor – Comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents, La Découverte 2008 ;
GAUDICHAUD Franck, Découvrir la révolution chilienne (1970-1973), Les éditions sociales 2023 ; Chili 1970-1973. Mille jours qui ébranlèrent le monde, Presses Universitaires de Rennes 2013, Préface de Michael Löwy, Cahier iconographique ;
GRANDIN Greg, Kissinger’s Shadow – The Long Reach of America’s Most Controversial Statesman, Metropolitan Books 2015 ;
JOXE Alain, Le Chili sous Allende, Archives 1974 ;
LE ROY Maximilien et LOCATELLI-KOURNWSKY, Vaincus mais vivants, Le Lombard 2015 (Bd) ;
MAGASICH-AIROLA Jorge, Ceux qui ont dit « Non » - Histoire du mouvement des marins chiliens opposés au coup d’État de 1973, thèse de doctorat en histoire, Université libre de Bruxelles 2007 ;
MAGEE Pablo Daniel, Opération Condor – Un homme face à la terreur en Amérique latine, Saint-Simon 2020 ;
MERCIER-VEGA Luis, Technique du Contre-Etat – Les guérillas en Amérique du Sud, Pierre Belfond 1968 ;
PALIERAKI Eugénia, Naissance d’une révolution – Histoire critique du MIR chilien, Terres De Feu 2023 [Cf - Chili, la révolution par ou sans les armes ?, entretien avec Eugénia Palieraki,
https://laviedesidees.fr/Chili-la-revolution-par-ou-sans-les-armes] ; PE et THIBAUD Clément, L’Amérique latine embrasée – Deux siècles de révolutions et de contre-révolutions, Armand Colin 2023 ;
PINET Nicolas (Collectif), Figures de la révolte – Rébellions latino-américaines 16-20e siècles, Syllepse 2016 ;
REBOLLEDO Julián Bastias, Mémoires de la lutte des sans terre – Récit d’un métis chilien, chrétien et agitateur, Variations 2013 [visible ici : http://theoriecritique.free.fr/pdf/4emegeneration/V4G-Rebolledo-Choupaut_Memoires.pdf] ;
ROBIN Marie-Monique, Escadrons de la mort, l’école française, La Découverte 2008 [existe aussi sous forme de film documentaire (2003, 109 min)] ;
SARGET Marie Noelle, Système politique et Parti socialiste au Chili – Un essai d’analyse systémique, L’Harmattan 1994 ;
VAYSSIÈRE Pierre, Les révolutions d’Amérique latine, Seuil (1991) 2002 ;
Revue Contretemps, dossier : Chili 1970-73, du processus révolutionnaire à la contre-révolution armée, in https://www.contretemps.eu/dossier-chili-allende-socialisme-revolution-coup-pinochet-dictature-neoliberalisme ;
BRUN Mélanie, Il n’y aura pas de révolution sans chanson, France 2012 (documentaire 88 minutes) ;
COSTA-GAVRAS, Missing, film sorti en 1982 (117 min) ;
GUZMAN Patricio, 1975-1979 : La Bataille du Chili (documentaire en trois parties) ;
LITTĺN Miguel et MARKER Chris, On vous parle du Chili : ce que disait Allende, Slon/ Iskra 1973 (documentaire de 15 minutes) ;
MATTELART Armand (Collectif), La Spirale, Films Molière 1976 (139 min) ;
MUEL Bruno et ROBICHET Théodore, Septembre chilien, Les Films 2001, 1973 (39 min) ;
Voir aussi la liste de films traitant des dictatures militaires dans les pays latino-américains
Et un témoignage sur la répression « Prisonnier sur le bateau Lebu » (PDF = https://www.alterinfos.org/archives/DIAL-128.pdf) ;
« Près de 38 000 personnes ont été torturées sous la dictature d’Augusto Pinochet. Plus de 3 200 ont été tuées ou portées disparues. Ce sont les chiffres établis par la nouvelle Commission des droits de l’homme, chargée de compléter les informations jusqu’ici connues. En 1991, au lendemain de la dictature, un premier rapport, dit Rettig, a établi le nombre de morts et disparus au Chili. En 2005, un second, dit Valech, a comptabilisé les cas de tortures et d’arrestations pour raisons politiques ... » (merci RFI) Selon une estimation (Fanny Jedlicki), entre deux cent cinquante mille
et un million de Chiliens se sont exilés ou ont été expulsés dans divers pays du monde entre 1973 et 1989, sur 10 millions d’habitants en 1973.
Regards croisés des photographes Raymond Depardon et David Burnett à l’occasion des 50 ans du coup d’Etat du général Augusto Pinochet ;
- L – Italie 1978 (Voir sur ce même site la date « 1986 » et, à l’intérieur du PDF, la rubrique « bibliographie indicative sur la « guérilla urbaine ») :
BALESTRINI Nanni et MORONI Primo (Collectif), La horde d’or – La grande vague révolutionnaire et créative, politique et existentielle (Italie 1968-1977), L’éclat 2017 ;
CURCIO Renato, A visage découvert, Lieu commun 1993 ;
FIORI Guiseppe, La vie de Antonio Gramsci, Le Livre de Poche 1977 ;
GANSER Daniele, Les armées secrètes de l’OTAN – Réseaux stay-behind, Gladio, et terrorisme en Europe de l’Ouest, Demi Lune 2011 ; voir aussi WILLEMS Jan Willems (Collectif), Gladio, éditions E.P.O 1991 ; ROWSE Arthur, Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne, article publié en 1994 ;
GIACHETTI Diego et SCAVINO Marco, La Fiat aux mains des ouvriers – L’automne chaud de 1969 à Turin, Les nuits rouges 2005 ;
GUIGOU Jacques et WAJNSZTEJN Jacques, Mai 1968 et le Mai rampant italien, L’Harmattan 2008 ;
GUILLAMON Agustin, Les Comités de Défense de la CNT à Barcelone (1933- 1938) – Des Cadres de Défense aux Comités révolutionnaires de Quartier, aux Patrouilles de contrôle et aux Milices Populaires, Le Coquelicot 2014 ;
LAURENT Frédéric, L’Orchestre noir – Enquête sur les réseaux néo-fascistes, Nouveau monde 2013 (Stock 1978) ; voir aussi le film ’L’ORCHESTRE NOIR’ de Fabrizio Calvi et Frédéric Laurent, réalisé par Jean-Michel Meurice (1997) : « Entre 1969 et 1980, la Péninsule connaît plus de 4 000 attentats, qui feront 360 morts et 4 500 blessés. Cette violence meurtrière est très majoritairement le fait de l’extrême droite. Mais, manipulées par les services secrets italiens, les premières enquêtes policières s’orientent vers l’extrémisme de gauche et plus particulièrement les anarchistes. Pourtant des magistrats courageux parviennent à remonter vers les vrais auteurs : des néo-fascistes italiens d’Ordine Nuovo manoeuvrés par la CIA et les organisations clandestines de l’OTAN, obsédées par la montée du communisme. Ces réseaux, où se retrouvent tout à la fois politiciens et militaires, membres des services secrets et adhérents de la loge P2, portent le nom de ’Gladio’. Ils projettent d’abattre la démocratie italienne et d’instaurer un pouvoir fort s’appuyant sur l’armée, à l’instar du coup d’Etat des colonels grecs en 1967. Pour plonger leur pays dans le chaos, les putschistes comptent, en matière de subversion, sur le savoir-faire d’anciens officiers français de l’OAS, spécialistes de la ’guerre psychologique’ et de l’infiltration dans les groupes gauchistes. Remarquablement précis et documenté, cet ouvrage constitue une véritable anatomie des réseaux néo-fascistes, des lendemains de la Seconde Guerre mondiale à la fin de la guerre froide. »
LE PAIGE Hugues, L’héritage perdu du Parti communiste italien – Une histoire du communisme démocratique, Les impressions nouvelles 2024 : « […] Mais un autre évènement va rendre la position du PCI encore plus inconfortable. Au début de l’année 1977 éclate un mouvement de contestation radicale, un mouvement disparate qui rassemble à la fois la créativité des Indiens métropolitains [Tendance spontanée, festive, culturelle de jeunes gens qui se barbouillent le visage et disputent les « centres métropolitains » aux « Vestons bleus » et aux « Visages Pâles »
. Ce mouvement s’éloigne des usines pour s’occuper des Centri Sociali (squats), de fanzines, de radios libres, dont la plus célèbre est « Radio Alice » de Bologne. Donnant une large place au féminisme, à l’écologie, aux revendications homosexuelles, à la dépénalisation des drogues, il tend à créer des structures alternatives plutôt qu’à défier le pouvoir.] et la violence des Autonomes. Dans les cortèges, de jeunes cagoulés brandissent le compagno P38 (« le camarade P38 »), l’arme de poing de la police. […] Sur les murs de l’université de Rome on peut lire ce slogan révélateur : « Ce n’est pas 68 et en 77 nous n’avons ni passé, ni avenir, l’histoire nous assassine. » […] Le désespoir se manifeste dans la rage de l’ironie [Un autre slogan des Indiens métropolitains : Rendiamo piu chiare/ Le Botteghe oscure, « Rendons plus claires/ Les Boutiques Obscures », allusion à la rue qui abrite le siège du PCI à Rome.] ou dans celle de la violence armée. […] C’est dans ce contexte que le mouvement de 1977 fait du PCI, le parti de l’austérité et de la défense des institutions, son principal adversaire. Le 17 février 1977, le symbole est fort : Luciano Lama, secrétaire général de la CGIL et membre de la direction du PCI, est chassé de l’université de Rome où il était venu s’adresser aux étudiants à propos d’une réforme contestée de l’enseignement supérieur ... » (pages 142/ 143) ;
LAZAR Marc, Maisons rouges – Les partis communistes français et italien de la Libération à nos jours, Aubier 1992 ;
MORETTI Mario, Brigate Rosse, une histoire italienne, Amsterdam 2010 ;
PEREGALLI Arturo et SAGGIORO Sandro, Amedeo Bordiga (1889-1970), Colibri 1995 ;
SCALZONE Oreste et PERSICHETTI Paolo, La révolution et l’État – Insurrections et « contre-insurrection » dans l’Italie de l’après-68 : la démocratie pénale, l’État d’urgence, Dagorno 2000 ;
- L – Pologne 1980
Ces ouvriers des chantiers de la Baltique ont tout de suite formé un Comité de grève inter-entreprises, le MKS. Le 18 août, 156 entreprises étaient représentées dans ce MKS ; une semaine plus tard, elles étaient plus de 600 ! Et le 30 août, une séance historique se déroula où le ministre Jagielski répondit par un laconique « J’accepte, je signe » à l’énoncé de chacune des vingt et une revendications ouvrières. Et cela sous la surveillance scrupuleuse ― les débats étaient retransmis par haut-parleurs dans tout le chantier ― des prolétaires qui tenaient à garder le contrôle. Ces ouvriers, il est vrai, n’étaient pas prisonniers d’appareils syndicaux et ne se faisaient plus d’illusions sur « leur » État ; ils ont forcément dû prendre leur lutte en main.
Août 1980 : les ouvriers polonais mettent à genoux l’État stalinien : « On était sous surveillance. Il y avait plein de flics sur le chantier. […] Le samedi, Bogdan vint chez moi et m’annonça que Walentinynowicz avait été licenciée. […] Nous sommes tombés d’accord pour déclencher la grève et nous avons discuté des moyens à mettre en œuvre. […] Aussitôt, je distribuais des tracts, déclarant que tout le chantier allait se mettre en grève ce jour-là, qu’on venait de mettre à la porte Walentinynowicz qui travaillait depuis trente ans aux chantiers. […] J’avais terriblement peur en marchant à travers le chantier. Pas pour moi, mais des gens qui me suivaient. Si on les mettait à la porte, ils pourraient m’en vouloir de les avoir entraînés. […] Il fallait se défoncer, prouver qu’il y en avait qui n’avaient pas peur. Un cri a retenti : Hourrah ! qui s’est répercuté. Je le savais, c’était la grève. […] Nous avons aussitôt sauté sur une pelleteuse, bien qu’aucun de nous n’ait envie de prendre la parole. […] J’ai remis le papier à Leszek pour qu’il lise la liste du comité de grève. Il voit son nom et dit : « Même moi, on m’y a inscrit. M’acceptez-vous ? » Instantanément tous applaudissent. Il a lu toute la liste et il a commencé à dire qu’il fallait rassembler les revendications et s’organiser… » (Extraits de Pierre LI, Quand les journalistes polonais parlaient, Editions Mégrelis, 1982) ;
KOWALEWSKI Zbigniew, Rendez-nous nos usines ! Solidarnosc dans le combat pour l’autogestion ouvrière, La Brèche 1985 ;
MAHIEUX Christian (Collectif), Pologne, combats pour l’autogestion – Solidarnosc (1980-1981), Syllepse 2023 [voir les « 21 revendications communes définies par le Comité central interentreprises de grève de Gdańsk pp. 53/ 54 ; une photo d’Anna Walentynowicz et d’Alina Pieńkowska page 40 ; un article sur la « Victoire au bout de la Grande grève » pp. 42/ 54 …] ;
MODZELEWSKI Karol, Nous avons fait galoper l’histoire – Confessions d’un cavalier usé, Ed° de la Maison des sciences de l’homme 2018 [voir les repères chronologiques (1937-2015) établis par l’auteur] : « Dans cette tension et aveuglées par leur propre bêtise, les autorités politiques locales ont fait licencier Anna Walentynowicz du chantier naval de Gdańsk. On la considérait comme dangereuse car elle militait au comité fondateur des Syndicats professionnels libres, jouissait d’un grand prestige et pouvait provoquer la pagaille. Sa biographie est digne d’un roman : paysanne orpheline persécutée par les koulaks [Dans l’Empire russe, les koulaks étaient de riches fermiers possédant de la terre, du bétail, et faisant travailler des ouvriers agricoles. Sous le régime soviétique, ce fermier est devenu synonyme d’exploiteur, voire « d’ennemi du peuple ». Fortement élargi – est qualifié ainsi tout paysan possédant de la volaille, des outils ou réfractaire à la collectivisation forcée , le terme va servir à déplacer 2 millions de paysans et à en éliminer plus de 4 millions. Cette extermination par la famine eut lieu entre 1931 et 1933, principalement en Ukraine. Cf. bibliographie ci-dessous.], dont la Pologne populaire a fait une soudeuse, stakhanoviste envoyée en 1953 à une convention internationale de la jeunesse à Berlin-Est ; décorée de la Croix d’or du Mérite, serviable et comme une mère pour les jeunes ouvriers, et maintenant – malgré la protection garantie à l’âge de la préretraite – licenciée ? Cette décision illégale et bouleversante fut le détonateur de la grève qui a éclaté dans le chantier naval Lénine le 14 août 1980. Le personnel du chantier exigeait que soient réembauchés Anna Walentynowicz et Lech Walesa, licencié en 1976 (désormais à la tête du comité de grève), que les salaires soient augmentés de 2 000 zlotys et qu’un monument en l’honneur des ouvriers tués dans les évènements de décembre 1970 soit construit près du portail II du chantier où, en 1970, étaient tombés les premières victimes. Au terme de 3 jours de négociations, la direction ayant accepté de satisfaire ces revendications […] Walesa a annoncé la fin victorieuse de la grève. Pendant ce temps-là pourtant, les chantiers navals voisins et les usines sous-traitantes s’étaient arrêtés, tout comme les transports urbains municipaux. Mais sans le « vaisseau amiral » qu’était pour les travailleurs des autres usines le chantier naval Lénine, ils n’avaient aucune chance de voir leurs revendications satisfaites. Des émissaires désespérés – de ceux qui se sont joints à la grève du chantier naval de Gdańsk – accoururent à bord du « vaisseau amiral » en appelant à poursuivre la grève par solidarité, pour que soient satisfaites les revendications communes. Pour le comité de grève qui venait de proclamer la victoire, ce n’était pas une décision facile. Dans ce contexte critique, la réaction émotionnelle de trois femmes s’est révélée décisive – Alina Pieńkowska, Anna Walentynowicz et Henryka Krzywonos (alors conductrice de tramway, représentant l’entreprise de transports municipaux) ont couru vers le portail et ont demandé en criant aux ouvriers qui partaient de rester par solidarité avec les autres équipes. […] Le 17 août, le Comité de grève interentreprises a été constitué et la célèbre liste des 21 revendications élaborée. Bogdan Borusewicz, le cerveau politique de ce projet, au nom du réalisme, a éliminé la revendication (« car cela équivaudrait à priver le POUP du pouvoir sur l’Etat ») et a remplacé la liquidation de la censure par son encadrement juridique. Malgré ces précautions, la première et la plus importante des revendications – obtenir l’accord des autorités de la RPP pour la création par le monde du travail de syndicats professionnels libres et indépendants du Parti et de l’État – portait atteinte aux fondements organiques de la dictature communiste. La Pologne était au seuil de la révolution ... » (pages 294/ 295) ;
POTEL Jean-Yves, Scènes de grève en Pologne, (Stock 1981), Noir sur Blanc 2006 ;
SZCZEPANSKA Ania, Solidarność, la chute du mur commence en Pologne, documentaire NB 52 min, 2019 ;
RIBOT Guillaume, Moissons sanglantes – 1933, la famine en Ukraine, documentaire de 2022 (67 min). Le film s’appuie principalement sur les 5 carnets du journaliste Gareth Jones (1905-1935) qui a parcouru les campagnes en 1933 ;
- M – GB 1984 (Voir sur ce même site la date « 1986 – Ils ont franchi The picket line »)
SIMON Henri, Grève des mineurs en Grande-Bretagne (mars 1984-mars 1985), Acratie 1987 ;
- N – Covid (20)19
BRÉCHOT Christian et ROUX Emmanuel, La révolution des microbiomes – Médecine des hommes, médecine des sols, Odile Jacob 2024 ;
LEVY Stuart, Le paradoxe des antibiotiques, Belin 1999 ;
ROBIN Marie-Monique, La fabrique des pandémies – Préserver la biodiversité, un impératif pour la santé planétaire, La Découverte 2021 ; voir son site : https://m2rfilms.com ;
- O – Iran 2022
BEHRANG, Iran : le maillon faible, Cedetim/ Maspero 1979 ;
BONNET Yves, Liban – Les otages du mensonge, Michel Lafon 2008 ;
BRICIANER Serge, Une étincelle dans la nuit – Islam et révolution en Iran (1978-1979), Ab irato (2002) 2005 ;
CHAFIQ Chahla, La prison politique en Iran, édition du Félin 2024 ;
CHAHINE Marwan, BEYROUTH, 13 AVRIL 1975 – Autopsie d’une étincelle, Belfond 2024 ;
DJALILI Mohammad-Reza et KELLNER Thierry, Histoire de l’Iran contemporain, La Découverte 2024 ;
DUDOIGNON Stéphane, Les Gardiens de la révolution islamique d’Iran – Sociologie politique d’une milice d’État, CNRS éditions 2022 ;
FALIGOT Roger (Collectif), Histoire politique des services secrets français, La Découverte 2012 ;
FILIU Jean-Pierre, Le Milieu des mondes – Une histoire laïque du Moyen-Orient de 395 à nos jours, Seuil 2021 ; Stupéfiant Moyen-Orient – Une histoire de drogue, de pouvoir et de société, Seuil 2023 ;
KEPEL Gilles, Le Bouleversement du monde - L’après 7 Octobre, Plon 2024 ;
KHOSROKHAVAR Farhad, L’Utopie sacrifiée – Sociologie de la révolution iranienne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques 1993 ; Iran – La jeunesse démocratique contre l’État prédateur, Fauves éditions 2023 ;
KIAN Azadé, Femmes et pouvoir en islam, Michalon 2019 ;
LADIER-FOULADI Marie, La République islamique d’Iran vue de l’intérieur, éditions du Croquant 2020 ;
LOEVENBRUCK Henri, J’irai tuer pour vous, Flammarion 2018 [Un roman historique basé sur une solide documentation : journaux, archives déclassifiées de Reagan et de la CIA, témoignages …] ;
RAZOUX Pierre, La guerre Iran-Irak. Première guerre du Golfe (1980-1988), Perrin 2013 ;
RICHARD Yann, L’Iran de 1800 à nos jours, Flammarion 2016 ;
VIEILLE Paul et BANĪ SADR Abū al-Hasan, Pétrole et violence – Terreur blanche en Iran, éd. Anthropos 1974 ;
► L’ayatollah Khomeyni (1902-1989) rentre avec Air France et proclame (1e février) la République islamique d’Iran [reportage sur la révolution Islamique en Iran, FR3 : www.youtube.com/watch?v=GCiY06WdhEQ] ;
Solène Chalvon-Fioriti, reporter et réalisatrice du documentaire : « Nous, jeunesse(s) d’Iran. Voyage interdit au sein de la génération ’Z’ iranienne » (diffusé dimanche 21 avril sur France 5, à 21H05) ;
Les graines du figuier sauvage, réalisé par Mohammad RASOULOF (2024 ; 2h 46).
Le Cycle, film iranien, réalisé par Mehrjui Dariush en 1974. Censuré, il n’est sorti sur les écrans qu’en 1978. Il relate notamment les trafics de sang humain nécessaire au système de santé, qui se poursuivent « Aujourd’hui, le plasma, un composant du sang très reche rché pour ses protéines, vaut plus cher que le pétrole. Utilisé par des sociétés pharmaceutiques pour fabriquer des médicaments coûteux, ce précieux liquide, indispensable aux malades, est devenu une marchandise rentable. Avec des bénéfices s’élevant à plus d’un milliard d’euros, la société suisse Octapharma est l’un des quatre acteurs principaux de ce marché florissant. Ses centres de collecte, implantés principalement aux États-Unis, où le prélèvement rémunéré, interdit en Europe, est légal, attirent les habitants des quartiers défavorisés. Pour cette population appauvrie, notamment depuis la crise de 2008, le don de sang est parfois l’unique source de revenus. L’entreprise tire profit de la situation pour revendre à prix d’or ses produits – plasma simple ou transformé – aux hôpitaux européens. Cette marchandisation du corps pourrait présenter des risques sanitaires accrus, car le don rémunéré n’est pas sans danger : il incite les donneurs à mentir sur leur état de santé et attire une population à risques. Elle pose également de sérieuses questions morales. Est-il admissible que le sang des pauvres gonfle les profits des multinationales ? » (Cf. https://educ.arte.tv/program/le-business-du-sang) ;
Brève CHRONOLOGIE Iran (voir celle du collectif Ab irato, notamment sur les années 1977/1979 et la formation de conseils et de comités ouvriers pendant la période révolutionnaire, in BRICIANER Serge, Une étincelle dans la nuit)
1941 – En août, Soviétiques et Britanniques prennent le contrôle de Téhéran et déposent Rizā Shāh au profit de son jeune fils, Mohammad Rizā Pahlavi (1919-1980). Ils visent ainsi à développer le corridor persan (installations portuaires, route et Trans-iranien), voies qui vont jusque fin 1944 fournir une puissante aide logistique à l’Armée rouge.
1978 (8 septembre) - « Vendredi noir » : des protestations éclatent dans de grandes villes. Réprimées dans le sang, elles radicalisent la rue.
1979 – janvier : le shah, lâché par les Occidentaux, est contraint à l’exil. - Réfugié pendant quatre mois (d’octobre 1978 à janvier 1979) à Neauphle-le-Château, près de Paris, Khomeyni, l’un de ses principaux opposants, rentre à Téhéran sur un vol d’Air France.
5 février – Mise en place d’une dyarchie, entre un Conseil de la révolution islamique constitué des proches de Khomeyni [L’ayatollah Ruhollah Mostafavi-Musavi (1900-1989, dit Khomeyni, du nom de son village natal)] et un gouvernement provisoire dirigé par le libéral Mehdi Bazargan.
5 mai – Création de la Légion des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran, appelée Pasdaran [Cette milice, rempart du régime, va prendre de plus en plus d’importance. A côté de forces terrestres, navales, aériennes, spéciales …, en plus du Basij, le corps de jeunes volontaires devenu « une organisation de masse – 600 000 membres, 11 millions de réservistes en 2023 – en charge du contrôle social de la population iranienne. Le mode de recrutement et de cooptation localiste de la Légion y a favorisé la formation de factions, dans un premier temps, de lobbies dans un second – souvent actifs, encore, dans des secteurs où la commande publique est prépondérante comme le BTP ou, bien sûr, le complexe militaro-industriel ... » (page 37, du dossier de L’Histoire n° 506 « Iran 1979-2023 : comment les islamistes ont pris le pouvoir »)].
1980 (22 septembre) – Invasion irakienne, début de huit ans de guerre. Le conflit s’enlise rapidement dans des combats de tranchées, le recours au gaz et aux enfants-soldats martyre ainsi qu’aux bombardements massifs des villes. Il n’y a pas de vainqueur (environ 250 000 victimes côté irakien et 500 000 côté iranien) mais la dynamique patriotique nationale sauve la République islamique de ses contradictions internes en permettant, par exemple, de réprimer férocement les oppositions (Organisation des Mojahedin du peuple ; Parti communiste Tudeh ; Kurdes).
1981 (28 juin) – Attentat de l’Organisation des Majahedin du peuple [Organisation armée marxiste, et islamiste, fondée en 1965. Durement réprimée comme les autres partis de gauche ; 30 000 personnes sont ainsi exécutées en 1988.] au siège du Parti pour la République islamique : 74 hauts dignitaires, dont 4 ministres et 40 députés, sont tués. Khomeyni profite de l’hécatombe pour asseoir sa domination.
1982 (juin) – Au Liban, services syriens et Pasdaran parrainent la constitution du Hezbollah qui élimine les derniers partisans de l’OLP pour imposer la « seule résistance islamique » contre Israël. Un an plus tard, cette milice passe à l’action en perpétrant deux attentats suicides à Beyrouth contre les USA (241 soldats tués) et la France (58 morts dans l’immeuble Drakkar), qui précipitent le départ des contingents occidentaux du Liban
2003 – La « guerre globale contre la terreur », déclenchée par Bush en représailles aux attentats du 11 septembre 2001, va permettre à l’Iran de sortir de son relatif isolement. En renversant les Talibans (automne 2001), puis Saddam Hussein (printemps 2003), les USA débarrassent la République islamique de deux ennemis stratégiques. Grâce à sa situation géographique, au poids de sa population (+ 80 millions d’habitants), à ses ressources énergétiques, l’Iran va pouvoir développer ses ambitions géostratégiques pendant près de 20 ans.
2008 (27 septembre) – Résolution du Conseil de sécurité de l’ONU imposant des sanctions à l’Iran qui refuse de renoncer à son programme militaire nucléaire.
2015 (14 juillet) – L’Iran accepte les contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) contre une levée progressive des sanctions, et participe, en lien avec les Russes, à la défense du boucher de Bagdad.
2018 (8 mai) – Donald Trump annonce le retrait US de l’accord sur le nucléaire et le rétablissement des sanctions contre Téhéran. - Protestations contre l’augmentation brutale du prix de l’essence à la pompe ; répression (novembre).
2022 (septembre) – A la suite de l’arrestation et de la mort trois jours plus tard de Jina Mahsa Amini pour un voile mal ajusté, contestations et manifestations éclatent dans le pays.
2024 – Israël, surpris par le Hamas (massacres du 7 octobre 2023 ; + 1 200 morts), rase Gaza, puis se tourne vers le puissant proxy iranien incrusté au Liban. Il liquide nombre de ses cadres puis son leader Hassan Nasrallah. L’aviation emploie 80 tonnes de bombes pour atteindre son bunker et rase 6 immeubles d’un quartier densément peuplé. Le double assassinat du haut cadre militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, à Beyrouth, le 30 juillet, et du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, à Téhéran, le 31 juillet, soulignait déjà la vulnérabilité du Hezbollah et de la République islamique d’Iran. Mais ces victoires militaires (grandement épaulées par l’oncle US) israéliennes ne font qu’accumuler haines et souffrances (sans doute 50 000 morts et le double de blessés dans la bande de Gaza, sans compter les ruines !), en marche pour de prochains massacres ...
♠ Les voisins et alliés de l’Iran ont fait part de leurs condoléances après l’annonce, lundi 20 mai 2024, de la mort d’Ebrahim Raïssi dans le crash de son hélicoptère. Le Pakistan ou l’Inde ont exprimé leurs condoléances. Le Hamas palestinien a salué un « soutien à la résistance palestinienne ». À Téhéran, la population peine à cacher sa joie après la disparition d’un homme connu pour sa fermeté (!) envers les « ennemis » de la République islamique. La mort programmée du patron inamovible des mollah [Ali Khamenei, né en 1939, est le guide suprême de la Révolution islamique depuis 1989. C’est le sommet de la pyramide en Iran, au-dessus de la charge de Présidentde la république, qu’il a occupé de 1981 à 1989. Un cancer semble le ronger depuis 10 ans.] va t-elle entraîner une course à l’investiture suprême, un affrontement de fractions, déstabilisant un peu plus ce régime de terreur ?