3 - Faits et gestes
Article mis en ligne le 26 avril 2021

3 – FAITS et GESTES (chantier !)

Un certain nombre d’évènements, de faits, de couples action-réaction, constituent – ici, comme dans toute Révolution – des tournants ou des accélérateurs (Cf. in PERONNET Michel l’article « Journées » pages 182/ 195) sans parler des dynamiques externes, mondiales (environnementales, « impérialistes », cycliques) qui souvent s’empilent, se cumulent.
Avertissement : certains chiffres sont, comme toujours, à prendre avec des pincettes (démographie, économie). Ainsi, sur la vente des Biens nationaux, plusieurs statistiques sont disponibles. Dans le Dictionnaire de la RF (TULARD 1998, page 582), il est dit : « Ils représentent une fortune colossale en biens fonciers, peut-être 20% des terres du royaume. » ; alors que BODINNIER (Bernard Bodinier, Éric Teyssier, L’évènement le plus important de la révolution française, la vente des biens nationaux, Société des études robespierristes et comité des travaux historiques et scientifiques 2000) parle de 6% du territoire ! SCHEIDEL (Une histoire des inégalités de l’âge de pierre au XXIe siècle, Actes sud 2021, page 335) indique lui que « La noblesse qui possédait 25% des terres, mais n’était pas assujettie au principal impôt direct : la taille, et l’opposait avec succès à ce qu’on pût connaître ses revenus et sa fortune pour le paiement des taxes plus récentes, comme la capitation mise en place en 1695 et le vingtième apparu en 1749. Il en était de même du clergé, qui détenait 10% des terres … » Dans « Bilan de la vente des biens nationaux » (Atlas RF 2016, page 67), on précise : « La vente des biens nationaux a mis sur le marché 10% du territoire national … » MAZAURIC parle lui du « premier ordre », celui du clergé … propriétaire en « main morte » de 8% environ des terres affermées, les meilleures du royaume … » (page 30, 1789, HD 2019) Enfin, PERONNET (50 mots clefs RF 2005, page 55) souligne que « La vente des biens nationaux est une longue opération – elle dure de 1791 à 1825 environ – et considérable puisqu’on estime que le transfert de propriété qui en résulte porte sur des surfaces représentant 20% du territoire et sur des sommes de l’ordre de 6 milliards de francs … » Comment choisir sinon en devenant soi-même spécialiste !?

1 - ORIGINES : La faute à Gutenberg, à Spinoza, à Laki, à Rousseau, à la « perfide Albion » ou à Adam ?

Bien entendu la RF est le fruit « des tensions sociales, politiques, intellectuelles et culturelles propres à la France d’Ancien Régime et de l’impossibilité pour la monarchie de s’auto-réformer. Les idées des philosophes ont-elles provoqué la Révolution ? Non encore … car ce sont les hommes qui font les révolutions et non les idées, mais les hommes qui font les révolutions les font AUSSI à l’aide de leurs représentations du monde forgées avant la Révolution, et parmi celles-ci les idées des Lumières, dans leur pluralité, leurs contradictions, leurs oppositions, ont joué un rôle déterminant. » (BIARD Michel (Collectif), La Révolution française – Une histoire toujours vivante, Tallandier 2010, page 37)
Cependant, l’invention créatrice des femmes et des hommes s’enracine et s’oriente dans des structures déjà présentes style l’imprimerie. Bien avant que la tête de Louis n’ait chut, des idées neuves avaient déjà roulé sur le monde. On pourra consulter avec profit : « L’Atlantique en ébullition (1770-1830) » dans l’Atlas RF de PY Beaurepaire, pages 6/ 17 ; BOUMEDIENE Samir, La colonisation des savoirs – Une histoire des plantes médicinales du nouveau monde, Editions des mondes 2016 ; BERCE Yves-Marie, Croquants et nu-pieds – Les soulèvements paysans en France du XVIᵉ au XIXᵉ siècle, Gallimard (1974) 1991 ; CHARTIER R, Les Origines culturelles de la Révolution française, Seuil 1990 ; DARNTON Robert, Pour les Lumières – Défense, illustration, méthode, PU de Bordeaux 2002 ; HAZARD Paul, La crise de la conscience européenne (1680-1715), Fayard (1961) 1989 [« La majorité des Français pensait comme Bossuet, tout d’un coup, les Français pensent comme Voltaire ; c’est une révolution. »] ; LEMARCHAND G, L’économie en France de 1770 à 1830, Armand Colin 2008 ; NICOLAS Jean, La rébellion française – Mouvements populaires et conscience sociale (1661-1789), Seuil 2008 ; SCHEIDLER Fabian, La Fin de la mégamachine – Sur les traces d’une civilisation en voie d’effondrement, Seuil 2020 ; SOLE Jacques, Révolutions et révolutionnaires en Europe (1789-1918), Folio 2008 ; ZILBERGBERG Michel, Une si douce domination – Les milieux d’affaires français en Espagne vers 1780-1808, Comité pour l’Histoire Économique et Financière de la France, Ministère des Finances 1993 ;

Et sur un site de « gôche », voir le boulot pugnace de Jacques SERIEYS « De 1773 à 1802, longue période de poussée populaire, démocratique et révolutionnaire (2020) » : Durant le dernier tiers du 18ème siècle, le monde occidental connaît une longue phase de développement économique et démographique ainsi que de découvertes scientifiques et techniques. Il s’agit surtout d’une période révolutionnaire durant laquelle éclatent d’innombrables luttes populaires, durant laquelle s’épanouissent des idéaux émancipateurs, durant laquelle même les rois se voient contraints de devenir "éclairés", durant laquelle la Révolution s’impose dans la plus grande ville du monde, Paris. De grands historiens ont bien perçu ce tournant majeur de la fin du 18ème où même le mot Révolution change de sens passant de l’astronomie à l’actualité : " "Révolution occidentale" pour Auguste Comte, "âge de la révolution démocratique" pour Robert Palmer, "ère des révolutions" pour Eric Hobsbawn, "âge des révolutions dans un contexte global" pour David Armitage et Sanjay Subrahmanyam … » (la suite sur gauchemip

En 1783, le Laki, volcan islandais, plonge l’Europe dans le chaos : « Il y a un peu plus de deux siècles, des nuées insalubres venues d’Islande ont jeté la désolation sur l’Europe. Comme aujourd’hui, experts et politiques se sont interrogés sur les réponses à donner à un tel cataclysme. En 1783, le volcan en cause était le Laki.LIRE LA SUITE